De quoi je me nourris ?
Dernière mise à jour : 30 déc. 2019
Article paru dans le magazine Le Chou Brave - N°26 / Novembre 2018

Manger fait partie intégrante de notre quotidien et représente un acte indispensable pour notre survie. Se nourrir demande de l’intérêt, de la curiosité, de l’envie, du temps et même de la patience parfois. Mais cela n’a pas l’air si facile pour tout le monde. Pour certains, il semblerait que s’alimenter soit un vrai parcours du combattant ; tandis que pour d’autres, l’aisance pour choisir et préparer des produits laisse place à une créativité innée !
Mais que mange-t-on vraiment ? Aujourd’hui, je me pose la simple question "de quoi je me nourris ?" Quelle problématique simple en apparence mais tellement pertinente ! Vous allez vite comprendre où je veux vous emmener.

Quel goût a ce monde ?
Avec la nourriture, l’enfant utilise ses cinq sens pour ingérer des "choses mangeables" selon nos normes culturelles. Des cailloux, l’enfant passe aux tomates et teste les goût des aliments, un à un, comme une véritable cartographie alimentaire. Les couleurs éclatantes des tomates ou des carottes réjouissent les yeux ; l’apprentissage des textures et des différents goûts rythme les repas.
Toute une aventure pour les sens ! Mais l’adage bien connu nous rattrape vite et résonne encore à mes oreilles "on ne joue pas avec la nourriture" !
De quoi je me nourrissignifie bien plus que répertorier des produits sur ma liste de courses. Bien sûr, en mangeant mon repas, je me nourris vraisemblablement, et je nourris mon corps physique. Et autour d’une réflexion plus subtile, ce que je mange et de quelle manière je le mange m’amène à prendre un peu de recul. Face au nombre croissant de produits toxiques et de pollutions de toutes sortes, d’ondes et de nourritures non adaptées physiologiquement, de plus en plus d’êtres humains deviennent sensibles ou hypersensibles. Comment font-ils pour vivre leurs sensibilités ? Comment nourrissent-ils les éléments plus subtils dans leurs vies ? Je parle des choses non perceptibles par les organes sensoriels humains. Je parle des corps spirituel, émotionnel, éthérique, astral, causal… Est-ce que la nourriture que je choisis est adaptée à ces différents corps ?
Tout ceci est lié : les cycles intérieurs et extérieurs de mon être, les saisons, les rituels et le rythme de la famille et de la société, mes envies, mes croyances, mon budget et le temps que je souhaite mettre à disposition pour acheter, préparer et manger ; autant de facteurs qui peuvent m’éloigner de l’alimentation idéale que je souhaiterais vraiment vivre dans mon corps. Je voudrais le meilleur pour moi, et trouver une alimentation adéquate à ma vie et à mon être. Et si je décidais de choisir le meilleur pour moi et mes proches, cela voudrait dire que je mange en conscience et en silence, je cultive mes légumes, je cuisine dans le calme, je ne stocke pas ou peu, je connais les techniques qui me rapprochent des principes du vivant, je prends le temps, j’apprends, j’expérimente, je choisis le discernement de l’instant présent adapté à mes réels besoins, et non par habitude.
Dans un magasin, en choisissant judicieusement un produit avec un label qui affirme l’utilisation d’ingrédients provenant de l’agriculture biologique, je peux aussi ne pas m’intéresser à la qualité du sucre ou bien la quantité de sel utilisés. Décrypter les noms savants qui définissent les sucres cachés ou les différents perturbateurs, cela s’apprend ; et comprendre enfin que le glutamate monosodique ou l’aspartame n’ont rien à faire dans la nourriture humaine. Et puis cette poudre de super-aliments que je vais acheter a peut-être été préparée il y a 3 ans déjà ? Pas très vivant tout ça, vous ne trouvez pas ?
Aujourd’hui l’esthétique et le design ont prouvé leur pouvoir décisionnel sur nos choix de consommation et d’intérêt alimentaire. Les étiquettes incompréhensibles et l’utilisation de mots et de caractères savamment choisis nous éloignent depuis bien -trop- longtemps d’une totale transparence. Personne n’achèterait des jolis bonbons fluorescents avec des ingrédients notés bien clairement sur l’étiquette : oreille de cochons, cartilage de moutons, pétrole, colorant de chenilles… .
Aussi, dans nos sociétés occidentales, l’appartenance à tel ou tel mouvement peut engendrer une certaine forme de discrimination. Les "étiquettes", vegan, végétarien, flexitarien, crudivore… sont restrictives et je crois qu’elles nous enferment !
Si je me nourris bio, vegan et cru par exemple, ça me fait du bien, je me sens bien… Mais si je mange en rédigeant des emails "en retard", ou bien avec un collègue avec qui je discute stratégies commerciales, entouré des nuisances sonores et lumineuses, je l’avale aussi tout ça. Je me nourris également de toute l’ambiance qui va avec, c’est évident, mais plus subtil.
C’est aussi d’imaginer que cette magnifique assiette en face de moi, dans ce superbe restaurant, a été réalisée par des êtres physiques, des personnes travaillant peut-être même depuis trop longtemps au milieu de cette cuisine sans fenêtres, avec si peu d’espace, entourés de vibrations d’appareils et de frigos, toujours en attente de leur dernier salaire, ces cuisiniers sont définitivement sous pression et épuisés. Comme les aliments sont transmetteurs d’informations, cette nourriture qui arrive devant moi est donc déjà déséquilibrée au niveau énergétique.
De quoi je me nourris, vous l’aurez compris, ce n’est pas simplement de quelle manière j’ingère mes aliments, mais bien la réflexion autour d’un plein potentiel alimentaire. Je conclus en imaginant que chaque jour, chaque fois que je mange j’apporte toujours un peu plus à ma conscience : idées et créativités, savoirs et compétences, envies et désirs, dans le discernement, la patience et la joie.
Benjamin Ries