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La gourmandise est un vilain défaut..et ça se soigne...


photo : https://marion-savoy.com



Empreint de tradition judéo-chrétienne, ce "péché capital" me fait aujourd’hui doucement sourire. "Se laisser aller" dans l’acte de gourmandise est révélateur de nos choix, mais au-delà de ce vieil adage bien ancré, la gourmandise peut aussi nous apporter des bénéfices quand la réflexion est bien menée.

L’heure est maintenant venue de déculpabiliser...

"A peine avalée, je regrette déjà cette pâtisserie"

Selon Wikipédia, "dans la religion chrétienne, la gourmandise, c'est-à-dire au sens moderne de la gloutonnerie, est un des sept péchés capitaux et s'oppose à la tempérance". La gourmandise n’est pas à confondre avec la gloutonnerie, la boulimie ou autres troubles pathologiques du comportement alimentaire. Les verbes utilisés dans le langage parlent d’eux-mêmes : se goinfrer, se rassasier, se ruer, se bâfrer, s'empiffrer, s'enfiler. Tous sont synonymes pour beaucoup d’hommes et de femmes de faute, de culpabilité, de malaise, d’auto-accusation, et parfois même d'autopunition!

Il me parait essentiel de rappeler que parler de "la gourmandise comme d’un vilain défaut" doit son origine à cette fameuse liste des péchés capitaux établie dans les couvents et les monastères. Elle portait alors sur les tentations auxquelles étaient soumis moines et nonnes. Et il semblerait qu'ils/elles aient été spécialement enclins à la gourmandise. Ayant renoncé aux plaisirs de la chair, on peut facilement imaginer qu’il est difficile de ne pas succomber aux plaisirs de la bonne chère!

La gourmandise aurait des bénéfices vérifiables validées d’une manière scientifique

Selon les scientifiques, nos organismes seraient préprogrammés à être gourmands. Ça c’est une bonne nouvelle! Vous ne trouvez pas ?

Plus sérieusement, des chercheurs new-yorkais (GJ Wang et al. Brookhaven National Laboratory Medical Department, Upton, USA) ont constaté que les personnes obèses présentaient moins de récepteurs à la dopamine et devaient manger plus pour stimuler ces circuits cérébraux responsables du plaisir. Si ces écarts sont dû à un dysfonctionnement du cerveau, alors les personnes obèses, comme les toxicomanes ou les alcooliques, auraient moins de récepteurs à la dopamine, sans doute le plus célèbre des neurotransmetteurs, responsable en partie de la sensation de plaisir. Les experts s'accorderaient à dire que "la gourmandise fait partie de notre nature". Elle est préprogrammée par notre hypothalamus et contribuerait même à notre survie. C'est pourquoi certains n'hésitent pas à qualifier la gourmandise de "plaisir noble"!

https://www.linecoaching.com/maigrir/blog/dopamine-et-obesite-qui-commence

Vivre la gourmandise procure bien du plaisir, au sens scientifique du terme. Craquer pour un morceau de chocolat entraîne la libération de dopamine, qui elle-même qui procure ensuite une sensation de bien-être.

En 2017, chaque Français a consommé en moyenne 7 kilos et 300 grammes de chocolats, ce qui fait de la France le cinquième plus grand consommateur de chocolat dans le monde. Avec près de 11 kilos de chocolat consommé par habitant en 2017, l’Allemagne et la Belgique se placent en tête du classement. Fait intéressant, les Français se distinguent par leur propension à consommer plus de chocolat noir que le reste de l’Europe, avec près de 30% de la consommation moyenne chez les adultes contre 5% pour la moyenne européenne. https://cacao-info.org/2019/04/08/chocolat-les-francais-en-consomment-plus-de-7kg-par-an/

Penser ou repenser la gourmandise comme instrument de plaisir, acte de douceur pour soi-même

Le plaisir de nourrir son corps, plaisir alimentaire basique, simple, vital, se forme en tant que bébé et enfant. A l’âge adulte, les filtres, les mots, les structures, les croyances, les idées préconçues bloquent parfois (ou souvent), le phénomène de plaisir.


Certain-e-s pensent encore la nourriture comme acte obligatoire de survie. D’autres y pensent et y passent des journées entières (surtout dans cette période de confinement) et apprennent de nouvelles recettes par exemple. Puis d’autres encore en font leur métier et dédicacent leur temps à l’exploration de ce phénomène si basique en apparence mais si profond et enclin d’histoires, de cultures et de références.

Faire à manger pour celles et ceux qu’on aime est bien une démarche de prendre de ce que l’on aime. C’est évident. Mais prendre soin de soi, de s’appliquer à se faire à manger pour soi-même, sélectionner le meilleur, prendre le temps, choisir ce que nous fait du bien, dans une démarche de bien-être, de mieux-être même, n’est pas si automatique. Cette validation de ses propres goûts, choix et désirs passe par une confirmation et même un abandon! La gourmandise, c’est un choix! Le champ lexical utilisé pour évoquer la sensation de gourmandise est éloquent : se délecter, se régaler, savourer, avec lenteur et attention, pour apprécier pleinement, et goûter de manière à prolonger le plaisir, à le rendre plus délicat et plus intense.

Le choix du bon goût, des sensations gustatives, de la qualité plutôt que la quantité, du moment opportun pour "se faire du bien"…d’ailleurs, savoir "se faire du bien", ça s’apprend!

C’est bien là que la culpabilité peut rentrer en jeu. Et là, il faut mériter son paradis…, dur dur les principes bien ancrés laissés par la religion.

Notons que selon Marshall Rosenberg, fondateur de la Communication NonViolente (CNV), "les jugements que nous portons sur les autres sont l’expression tragique de nos besoins non satisfaits." Et cela me donne envie d’assumer mes besoins. Vous savez quoi? Un besoin a surtout la nécessité d’être nommé et reconnu et pas obligatoirement satisfait à chaque instant. Marshall Rosenberg définit les besoins comme des manifestations de la vie. Cette communication consciente avec l’autre (je pense aux enfants qui veulent manger des cochonneries), mais aussi avec soi passe par se libérer du conditionnement culturel qui est en discordance avec la manière dont je voudrais peut-être vivre ma vie!

Grandir, apprendre à mieux me connaître, comprendre les mécanismes qui se jouent derrière tout ça, en apportant de la conscience et du recul, reconnaître et honorer mes besoins, me donner le meilleur, me permettre, lâcher la tête et rester dans la sensation, mûrir mes envies, assumer mes désirs, faire des choix, apprécier les goûts et les saveurs, tout un programme réjouissant, gourmand et authentique.


De quoi se donner bonne conscience, non?


Pour aller plus loin, je recommande l’excellent livre

"La chimie de l'amour : quand les sentiments ont une odeur" de Hanns Hatt



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